Invités à faire découvrir aux élèves de deux classes de 3ème du collège Lucie Aubrac leur projet « Pitchipoï », en lien avec le programme d’Histoire et l’étude du roman de Jean-Claude Moscovici « Voyage à Pitchipoï », Jean-François Lami et Simon Daval ont transmis à travers la photographie leur perception de la Mémoire de la Shoah et de la Déportation, ainsi que les techniques propres à leur domaine artistique.
Les principaux objectifs pédagogiques du projet, outre ceux directement liés aux programmes d’Histoire et de Lettres en classe de 3ème, étaient d’une part la découverte d’œuvres de différents domaines artistiques et littéraires, ainsi que la découverte d’un site mémoriel. Parallèlement à l’exploration de la forme artistique qu’est la photographie, à ses enjeux et l’initiation à cette technique en lien avec le Parcours Avenir, les élèves ont participé à un projet collectif de création autour de la notion de Mémoire. L’intention première est d’utiliser le média photo comme écriture artistique en lien avec la visite d’un site mémoriel qui peut, par définition, dérouter ; par le filtre de l’appareil photo, il s’est agi d’appréhender un lieu, une histoire, une situation avec du recul, une distance mais également parler d’un lieu à travers le temps d’une manière différente.
Ce projet s’est articulé autour de plusieurs temps forts. L’étude du récit autobiographique de Jean-Claude Moscovici « Voyage à Pitchipoï » en cours de Lettres a permis aux élèves de cultiver leur sensibilité avec la découverte d’une œuvre littéraire. [« Pitchipoï », expression propre à la langue des Juifs Ashkénazes qui désigne une campagne perdue. Il est employé depuis le début de la Shoah pour nommer les camps d’extermination nazis.]
La découverte du projet également nommé « Pitchipoï » des photographes Jean-François Lami et Simon Daval, retraçant le parcours des convois de déportation entre Drancy et Auschwitz-Birkenau en images, a rendu très concret un des aspects de la Shoah.
https://www.youtube.com/watch?v=ecIK1eYqJTc
Les photographes ont évoqué l’histoire de la photographie puis ont initié les élèves à la prise de vue et aux techniques photographiques.
En mars, la visite du Centre Européen du Résistant Déporté et de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof fut un moment de découverte riche en émotions et de mise en pratique des fondamentaux de la photographie.
Les clichés réalisés par les élèves ont fait l’objet d’une sélection et d’une explication des intentions de chacun au moment des prises de vue.
Deux frises photographiques ont été composées au format numérique avant d’être imprimées sur grand format et affichées dans les couloirs du collège, où L’ensemble de la communauté scolaire peut venir les découvrir ; elles témoigneront du travail de mémoire effectué par les Troisièmes. C’est avec fierté et émotion qu’ils ont soumis ce travail mémoriel aux responsables académiques, madame Marianne Tanzi et Monsieur Gérard Oustric, référent culturel, qui les ont félicités et encouragés à poursuivre ce bel engagement.
Avec ce projet artistique et mémoriel, les élèves ont tenté de transmettre à leur façon la Mémoire de la déportation. La visite du camp, à l’aide du témoignage écrit de Pierre Rolinet, ancien déporté, a été un moment fort de ce projet et rendu plus concrète cette période de notre histoire ; il est un rappel constant à la vigilance face à aux événements du présent.
Artistiquement, les élèves ont analysé leurs clichés, capables de rendre compte de ce qu’ils voulaient transmettre.
Deux dimensions fondamentales du programme d’EMC (sensibilité et engagement) ont été explorées sous cet angle particulier, complétant ainsi la formation de futurs citoyens de nos élèves.
En Lettres, ils ont livré leur ressenti dans des petits textes, à travers des expressions ou des mots. Parfois maladroits, ces ressentis expriment leurs émotions face aux tragédies de l’histoire.
« Pour être plus précis, sur mon ressenti, à l’intérieur du camp, c’est un certain vide, et une atmosphère pesante qui m’impactait principalement. Pour retransmettre ceci, j’ai représenté un lieu se trouvant dans le musée, qui ressemblait à une sorte de couloir allant dans l’obscurité. Ce couloir m’a interpellé immédiatement, par ce vide, et cette obscurité à son extrémité, j’ai trouvé que ce passage représentait parfaitement le terme « Pitchipoï ». On ne sait rien de l’endroit où il mène, seul le vide règne, et on ne sait pas non plus si il nous mènera au bonheur ou à l’horreur. » Amin, 3C
« Nous sommes maintenant conscients que ce genre de tragédie peut encore ressurgir. Aujourd’hui, nous devons donc rester vigilants, dans un monde toujours exposé à ce danger qu’est la guerre. » Les élèves de 3C
« J’ai ressenti de l’angoisse et de la peur, cette ambiance s’est accentuée avec l’explication de la prof d’histoire qui m’a rappelé les témoignages de mes arrière-grands-parents qui étaient tziganes. Ma mère me les avait racontés. Cet endroit n’aurait jamais dû exister, comme le crématoire » Jehudi, 3B
« Je n’arrivais pas à imaginer l’horreur commise par les nazis sur les déportés avant cette visite au camp. » Chanel, 3B
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