Visites Le Corbusier

  Dans le cadre de l’EPI « Habitat Durable » nous réalisation une journée de visites autour de Le Corbusier.

 

Nous commençons la matinée par la visite d’un fac-similé du Cabanon.

 

Matin :Visite d’un fac-similé du Cabanon de Le Corbusier

 

Frédérique Daguet nous acimg_5033cueille pour visiter une copie du Cabanon de Le Corbusier, répondant aux questions des élèves.

Si nous ne sommes pas à Roquebrune, la nature n’en est pas moins omniprésente, offrant un cadre parfait pour la cabane.

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Le Corbusier a construit un habitat réduit à l’essentiel : un petit espace de 366×366 cm. Malgré des dimensions restreintes la pièce est agréable et fonctionnelle car tout est réfléchi dans les moindres détails : pour un confort optimal la porte coulisse lisse dans le mur afin de prendre le moins de place possible.

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Une fresque nous accueille sur le mur de droite, égayant l’ensemble. Tout est en bois, mais le sol est peint en jaune, les portes coulissantes des placards ainsi que le coffrimg_5045age du faux plafond sont de couleur : jaune, bleu, vert, rouge. Malgré la sobriété des équipement nous avons la sensation d’être dans un espace chaleureux et accueillant. 

 

Le lit est sur des rangements et le faux plafond cache des couchages supplémentaires. La table basse est sur roulette, permettant une adaptation à toutes les img_5046occasions.

A coté du lit, de petites appliques en métal nous étonnent par leur ingéniosité dans leur simplicité.

La table occupe une place de choix sans s’imposer pour autant, intégrée a l’étagère qui occupe toute la partie basse du mur. Entre autres trésors d’ingéniosité les tabourets équipes de poignées, les volets qui se plient a l’intérieur et qui offrent une fois fermés des tableaux et celui à coté de lavabo offre même un miroir.

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Les élèves visitent par petits groupes l’intérieur et réalisent à l’extérieur un croquis du cabanon dans son contexte.

 

img_5042Le plafond n’est pas haut, utilisé de plus par des rangements qui permettent d’optimiser l’espace au maximum.

 

 

 

 

 

 Frédérique, notre hôte, discute avec Karine Terral, notre architecte de la CAUE.   img_5051 

 

 

 

 

 

 

 

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Les élèves dessinent Le Cabanon.

 

 

 

 

 

 

 

Les volets sont peints. Lorsque la nature ne s’offre plus aux regards, nous pouvons profiter de peintures.

Une fois de plus, le moindre espace est utilisé !img_5346 img_5064Leimg_5296  Les élèves sont studieux.

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Après midi : visite à Ronchamp

Nous faisons un point autour de la maquette : nous sommes à la porterie, lieu d’accueil. Puis nous irons a l’oratoire voir le bâtiment construit par Renzo Piano.

L’association Notre Dame du Haut et les sœurs Clarisses ont cherché un architecte pour leur projet. Renzo Piano à hésité avant de se confronter à Le Corbusier, c’est pourtant un architecte de renom ! (il a participé à la construction du Centre Pompidou à Paris, nous pouvons admirer le formidable écrin au cœur d’un parc à Riehen -à côté de Bâle- qu’il a construit pour la Fondation Beyler   :      http://www.fondationbeyeler.ch/fr/Home).

Sur la maquette nous repérons :

-> La Chapelle

-> La Porterie

-> Le monastère de Sainte Claire

-> le bâtiment des sœurs

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Nous quittons la porterie où nous avons été accueillis pour notre déjeuner. Nous cheminons dans la verdure et passons devant l’abri du pèlerin. Nous découvrons rapidement l’oratoire où nous avons rendez-vous.

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1. Rendez-vous avec une clarisse, sœur Marie-Claire :

Beaucoup de monde venait pour voir la chapelle, le site reste un lieu incontournable de l’architecture.

La communauté des clarisses de Besançon date du milieu du 13eme siècle, aujourd’hui composée de 11 sœurs à Ronchamp. C’est l’une d’elles qui a suivi le projet depuis le début qui nous accueille et répond nos questions sur ce lieu incroyable.

Les sœurs sont venues de Besançon et ont choisi une implantation ici pour assurer la prière et l’accueil spirituel en octobre 2009.

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Elles ont passé 23 mois a l’abri du pèlerin de Le Corbusier (jusqu’en sept 2011).

Lors de la réalisation de la chapelle en 1954 Le Corbusier a aussi réalisé l’habitat du pèlerin, puis un gîte, lieu d’accueil pour étudiants. Lors de leur hébergement les Clarisses se sont rendu compte que ce ne sont pas des habitats durables car c’est en béton des 50s non isolé, sans drainage et la consommation de chauffage est énorme .

L’association Notre Dame du Haut cherche un architecte qui puisse travailler à coté du Corbusier. Renzo Piano est choisi car il sait s’insérer dans un paysage, ne pas abîmer l’horizon.

Comme le bâtiment ne doit pas être visible il a fallu creuser la colline sur plusieurs niveaux et s’adosser a la terre.

Les fondations répondent aux normes antisismiques ( Renzo Piano applique les normes italiennes qui sont plus strictes). Pour la construction tout le béton est coulé sur place (de 2006 à 2011). L’isolation est faite par 3 couches de béton (béton choisi et étudié pour son grain et sa couleur).

La voûte de l’oratoire fait clairement écho à la chapelle :

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Sœur Marie-Claire précise que le béton à beaucoup évolué au cours de ce dernières décennies : la chapelle est construite avec les ruines de démolition de la première chapelle est de dalles de béton qui ne fait que 6cm alors qu’ici c’est un béton de 18 cm. Comme le bâtiment de l’oratoire est semi enterré, il est protégé.

Dans le cas de notre problématique d’habitat durable se pose le problème de la durée de vie béton qui serait d’un peu plus d’un siècle. Nous n’avons pas encore le recul nécessaire.

Nb. Le béton c’est du ciment, du sable et de l’eau. Or le sable est une denrée qui se raréfie à cause de sa surexploitation actuelle pour la construction, ce qui pose un problème pour un habitat durable et respectueux de l’environnement.

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Le toit est lui aussi composé de plaques de béton plus d’un sur-toit de tôle qui protège de la pluie et du soleil. La façade de vitres en aluminium profilé à un double vitrage (structure en aluminium avec du verre au milieu). On retrouve la même structure dans les chambres qui occupent un second bâtiment. Depuis la terrasse on devine les toits des chambres.

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Le chauffage :

Les sœurs ont eut la volonté qu’il soit le plus écologique possible, durable. Elles ont donc éliminé tout d’abord le fioul, puis le gaz car il n’est pas accessible, s’est aussi posé le problème pour le stockage du bois et le problème des cendres ( il fallait enlever 1 tonne de cendres par an!). La solution de la géothermie à donc été choisie avec 15 forages et 4 pompes a chaleur. Sous chaque chape de béton serpentine un liquide chauffé par une pompe à chaleur, système complété par un puit canadien pour une température minimale de 14 degrés en permanence, il fait 20 à 21 degrés partout. Ce système a l’inconvénient de marcher a électricité. Sil y a une coupure, il n’y a pas de chauffage. Se pose aussi la question de la production d’électricité.

La salle de prière : en béton fin, le plafond rend hommage au toit de la chapelle car il est aussi formé d’une coque.

Les élèves s’interrogent sur l’épaisseur des murs qui a l’air conséquente. Elle varie selon les différents pans. Cette salle est en biseau avec deux coques. Pour construire la coque, le modèle a été fait en bois par des spécialistes a Bussang dans les Vosges. Puis le béton est coulé dedans avant d’en être démoulé. Les murs sont rythmés par les disques dus aux barres de renfort lors de la confection du coffrage. Les trous ont été bouches par des bouchons qui ponctuent l’espace. Un éclairage parvient de chaque cote de la pièce et du puit de lumière surplombant l’autel, avec sept velux. Nous retrouverons cet éclairage indirect dans la construction de Le Corbusier.

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La sœur insiste sur le dialogue constant avec l’architecte pour bien concevoir les bâtiments.  L’aventure à été extrêmement discutée et travaillée en amont. Les Clarisses n’ont pas eu a faire de rénovations depuis la livraison.

Tous les éléments ont été discutés, notamment le choix esthétique du béton brut. Elles ont choisi de laisser le béton brut mais d’apporter un peu de chaleur grâce à des pans de se couleur : dans cette salle la couleur est mise au sol (orange). En clin d’œil à la démarche de Le Corbusier pour la chapelle c’est la course du soleil et son coucher que l’on peut observer d’ici qui détermine le choix chromatique : les plafond dans les communs, un mur dans chaque chambre ou ici le sol, c’est toujours orange et jaune comme le coucher du soleil.

Nous retrouvons l’importance du soleil à travers le travail de lumière qui anime le béton de ses couleurs changeantes. L’importance de la lumière est flagrante avec les puits de lumière et la baie vitrée . Le Corbusier et Renzo Piano sont des architectes de la lumière.

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Nous quittons sœur Marie-Claire et nous séparons en 2 groupes au pied de La Chapelle. Un groupe fait une visite libre et revient au toi de l’oratoire réfléchir aux raisons de sa construction, aux choix réalisés par Renzo Piano.

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2. Visite libre

Nous notons que l’espace détente avec des chaises s’offre à nous en sortant de l’oratoire. Le sur-toit nous protège de la pluie. En s’approchant de la terrasse on devine l’avancée du toit des logements des sœurs, lui aussi semi – enterré.

Lorsque nous prenons le petit chemin à gauche du bâtiment nous découvrons un potager, idée intéressante pour notre sujet ! Au bout de quelques marches la nature s’offre à nous, mais à y y garder de plus près nous apercevons les fenêtres de toit de l’oratoire. Nous marchons sur la

voûte !

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La visite du site est très agréable car les points de vue sont très travaillés. On ne devine pas l’existence des bâtiments depuis la chapelle ! 

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3. La Chapelle Notre Dame du haut :

Notre architecte de la CAUE nous mène à la découverte de La Chapelle. Elle nous l’explique sous différents points :

Usage

Matériaux

Esthétique

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  1. Usage :

C’est un lieu de prière, un lieu de culte, de recueillement, dédié à la vierge Marie.  On surnomme ce lieu Notre Dame du Haut car ce lieu est dédie à la Vierge et qu’une première église dite « notre dame du bas » existe en bas du village.  Ce lieu a une histoire : un temple romain existait avant.

Il vit au rythme de deux dates importantes pour le pèlerinage, le 15 août et le 8 septembre, en plus d’un fonctionnement courant pour paroissiens.

A l’origine c’était chapelle classique mais elle a été bombardée en 1944 par les allemands. La question de sa reconstruction s’est posée mais le budget était trop important pour refaire a identique.

Il y avait une commission spéciale d’art sacrée pour le diocèse qui incitait a travailler avec de nouveaux architectes. Le Corbusier a été choisi.

Les paroissiens lui ont écrit mais il a refusé, pensant qu’ils refuseraient ses idées nouvelles (il avait essuyé un refus pour une chapelle dans le sud). Les paroissiens insistent, le rencontrent à son atelier et lui donnent carte blanche.

Il découvre le site en juin 1950 qui lui rappelle les randonnées de son enfance et sa mère

et pieuse. Il accepte et créé ce lieu, ce bâtiment qui fait le lien entre la nature et la prière.

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La vue côté Nord est superbe.

 

 

 Le Corbusier part de quelques principes :

1. Chaque façade est travaillée selon la course du soleil

Ainsi la façade Est voit le soleil se lever, vers le monument aux morts il court vers le mur de lumière.

2. Lacunes : la colline pose problème pour monter les matériaux. Il faut des matériaux simples, réutiliser les restes de la chapelle, travailler un maximum sur place (du béton coulé sur place). 

3. Il n’y a pas d’eau : la coque inclinée du toit permet d’alimenter le lieu en eau.

Les 1ers croquis réalisés en 50 montrent que la réalisation y reste fidèle. Il y a eu un an de chantier mais le projet à du être retravaillé côté paroissiens qui ont émis des réticences.

Ce constant est important. Comme nous l’avons vu en cours d’arts plastiques dans ces ouvrages écrits Le Corbusier propose une nouvelle approche de l’architecture et compare le travail à faire avec celui de l’ingénieur : il faut étudier et comprendre le problème posé pour pouvoir y apporter une solution efficace.

2. Les matériaux

Du béton

Du bois

Du verre

Ferraillage pour métal

Pierres de la chapelle existante réutilises (et les restes furent pris pour le monument aux morts)

Brique

 

 

3. Esthétique

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La façade sud penche vers la façade est. En haut un trou permet de décrocher le toit du mur. La coque est vide, creuse sur 1, 83m (hauteur du modulor ). La coque en béton est creuse comme une coque de bateau.

Le chef de chantier était charpentier avant, ce qui facilita la réalisation des coffrages. Le coffrage en bois a laissé des marques sur le béton évoquant un navire.

Tous les coffrages étaient faits en bois. Les pierres laissées par l’ancienne chapelle sont utilisées pour réaliser les façades nord est ouest aux murs droits droites. Les reste est utilisé pour le monument aux morts.

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La façade Est possède un autel à l’extérieur pour les pèlerinages avec grand monde. Une niche dans le mur contient une statue de la vierge pour messes à l’extérieur. En temps normal la statue est tournée vers l’intérieur de la chapelle, on la voit de dos de l’extérieur et lors des pèlerinages c’est l’inverse. A droite, un mur courbe accueille la nature.

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Au nord, côté entrée, un mur droit fait avec les pierres de l’ancienne chapelle est recouvert d’un enduit de ciment peint a la chaux. La chaux recouvre tous les murs, apportant une grande cohérence à l’ensemble.

Le mur sud, dit mur de lumière grâce à de multiples ouvertures, à une forme non droite. Il est constitués de piliers, avec un grillage puis 4cm de béton (du grillage est tendu entre les structures, sur lequel projette le ciment).

Le mur nord lui est plus droit, vertical, en pierres.

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Depuis l’intérieur de la chapelle on voit bien que le mur Est est creux, avec un système de poteau poutre, idée venue de stages avec les frères Perret. Les poteaux sont a l’intérieur, visibles à la jonction avec le toit. De forme triangulaire, ils s’élargissent vers la base.

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A l’ouest, la coque en béton sert a recevoir l’eau de pluie. Une fontaine et une citerne d’eau récupèrent l’eau.

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Pour ce toit si spectaculaire Le Corbusier dit s’être inspiré lors dune ballade a la plage en ramassant un crabe. Le creux de la coque évoque une aile d’avion. Pour le confectionner, il a fallu couler une dalle de 6cm puis des poutres de hauteur humaine puis une nouvelle coque. Au dessus du poteau reposent des poutres qui vont de part et d’autre. Les poteaux sont triangulaires avec dessus un grillage puis un enduit ( façade sud). La chapelle est recouverte de chaux qui uniformise le tout.

La lumière :

A l’intérieur de l’édifice le travail important sur l’arrivée de la lumière est flagrant :

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la chapelle du matin reçoit la lumière de l’est. La forme spécifique de la chapelle et de ses ouvertures produisent une lumière diffuse.

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La grande chapelle avec sa lumière constante du nord possède un vitrage important.

A travers ces différents traitements de la lumière on peut voir que Le Corbusier s’attache à l’architecture romane qui est très sombre, massive sur des murs épais et de petites ouvertures. Le Corbusier reprend les caractéristiques de l’architecture romane : peu de lumière car pour prier il faut se replier sur soi alors que l’époque gothique au contraire cherche la lumière car elle symbolise Dieu.

 

Les espaces sacrés ont un sol en pierre, de même que les autels. La délimitation se fait de façon subtile par un traitement différencié des sols.

Une grande porte métallique sur pivot central mène vers la sortie et donne un lien avec la nature.

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Le Corbusier a dessiné de nombreux éléments pour le projet même s’il s’est peu déplacé sur le chantier, relevé par l’architecte de Vesoul Messonier.

Il a dessiné les assises -même sil estimait que pour la prière il fallait être droit, debout.

Autour de la niche de la Vierge, plein de trous apparaissent, liés aux échafaudages.

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Le chanoine voulait des étoiles pour entourer la Vierge. Lorsque Le Corbusier découvre ces marques d’échafaudage, il décide d’en conserver pour évoquer les étoiles.

 

               

-> les cloches de la chapelle, symbole dessiné par Jean Prouvé. Le Corbusier ne voulait pas de cloches, un système musical les remplace.

 

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Merci à Karine Terral pour toutes ses explications, à Frédérique Daguet pour son accueil très chaleureux, sa visite guidée vivante et pour nous faire partager ce petit coin de paradis, à sœur Marie-Claire pour toutes ses explications.

Les images ont été prises par les enseignantes et Elisa, notre photographe attitrée.

Certaines images sont issues du fascicule retraçant le projet avec Renzo Piano : « Accueil des visiteurs et monastère de Sainte Claire, Ronchamp par Renzo Piano Building Worshop + Atelier Corajoud »

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